Les élus et autres nouvelles

L'Auteur-de-Toutes-Choses intime à l'Indien Amaliwak de construire un énorme-Canot et d'y embarquer toute sa famille avec des animaux avant la pluie. Au lendemain du déluge, Amaliwak a la surprise de rencontrer d'autres rescapés, des « élus » eux aussi... Dans ces quelques nouvelles d'une écriture incroyablement riche et colorée, l'écrivain cubain abolit le temps et les frontières à la recherche de la Paix et de la Liberté. Ces nouvelles sont extraites de Guerre du temps et autres nouvelles (Folio n°2032).

Alejo Carpentier est né en 1904, la veille de Noël, à La Havane dans une famille récemment émigrée à Cuba. Son père est un architecte français et sa mère russe. Il passe son enfance dans le cadre somptueux et désuet de la veille ville coloniale avant de vivre quelques années en Europe. De retour à La Havane, il décide d'être journaliste et, en 1924, devient rédacteur en chef de la revue Carteles. Opposé au régime de Machado, il signe un manifeste contre le dictateur, ce qui lui vaut sept mois de prison. Libéré, il n'a cependant pas le droit de quitter le pays. Il rencontre alors Robert Desnos, de passage à La Havane, et se lie d'amitié avec le poète français. Lorsque Desnos rentre en France, Carpentier le suit. Il restera onze ans à Paris où il découvre le surréalisme et se passionne pour la magie et la musique. Son ouvrage La Musique à Cuba, paru en 1946, fait encore autorité aujourd'hui. Collaborateur de la revue La Révolution surréaliste, il s'imprègne de la notion de « merveilleux » élaborée par André Breton et crée le « réalisme magique » en l'appliquant à l'Amérique Latine. Il revient alors à Cuba, mais doit s'exiler à Caracas au Venezuela. Ce n'est qu'à la fin de la Seconde guerre mondiale qu'il peut rester dans son pays où il adhère avec ferveur à la révolution castriste. Après un premier roman sur la culture afro-cubaine en 1933, Ekoué-Yamba-O, il publie en 1949 Le Royaume de ce monde dont l'action se déroule à Saint-Domingue au début du XIXe siècle. Les aventures de Ti Noël, un esclave noir, du sorcier Mackandal et de Lenormand de Mézy, un propriétaire terrien, forment un roman bref et puissant, fourmillant de descriptions baroques et colorées, où Carpentier entraîne le lecteur dans un univers de maléfices et de philtres. En 1953, paraît son oeuvre la plus originale, Le Partage des eaux, dont le héros, un compositeur qui mène une vie factice, décide de partir à la recherche d'un instrument de musique indien au coeur de la forêt vierge. Paraissent ensuite les nouvelles de Guerre du temps en 1958 et le roman Le siècle des Lumières dans lequel Carpentier fait revivre des événements méconnus dans les îles des Caraïbes pendant la Révolution française. Il reçoit le prestigieux Prix Miguel de Cervantes en 1977. D'importantes fonctions officielles lui sont confiées : vice-présidence du Conseil national de la culture, direction des éditions d'Etat... En 1966, il revient à Paris comme conseiller culturel de son pays. Il meurt à Paris en 1980. Ses funérailles sont célébrées à La Havane en présence de Fidel Castro. Grâce à un style extrêmement original et riche, une réflexion sur le monde latino-américain et ses relations avec l'Europe, Alejo Carpentier s'est imposé comme l'un des plus importants écrivains d'Amérique du Sud.